Avec des impacts majeurs notamment sur la vie économique, le contexte international est incertain. Comment la Région Bretagne prend-elle en compte ces éléments pour aller de
l’avant ?

Laurence FORTIN > On ne va pas se cacher derrière son petit doigt, nous sommes dans un moment qui bouscule nos certitudes. Ce moment est à la croisée des crises : climatiques, géopolitiques, économiques, sociales, sanitaires. Le monde change, l’échelle des besoins essentiels change, l’ordre de nos priorités change. Et nous devons changer !
Je crois que plus personne de sérieux, aujourd’hui, ne peut rechercher la croissance pour la croissance, ou l’innovation sans le service de l’intérêt général et de la protection de notre environnement.

Dans ce contexte, la Bretagne a une place, un rôle, une voix, une responsabilité, des réponses à proposer. Parce qu’ici, la coopération entre acteurs est naturelle et on assume la responsabilité de produire et de transformer.
C’est compliqué ? Peut-être. Mais il y a dans cette région suffisamment d’intelligence pour relever ce défi.

Quelles sont aujourd'hui les priorités de la Région pour dynamiser l'économie bretonne ?

Laurence FORTIN > Elles sont au cœur de notre nouvelle Stratégie de Transition Economique et Sociale, adoptée en 2023. Elles sont au nombre de trois : engager les transitions, affirmer notre vocation productive pour soutenir notre souveraineté, défendre les valeurs d’inclusion sociale.
Le nouveau chemin du développement économique doit tenir tous ses engagements.

Entreprendre dans l’Ouest renforce cette année son engagement en faveur de la transition écologique des entreprises et du développement durable : comment les transitions sont-elles prises en compte par la Région dans les modèles économiques ?

Laurence FORTIN > Repensons les modèles, c’est essentiel. Ce n’est pas qu’une formule. Changer de logiciel, c’est prendre la mesure des limites. Limite de notre sol, limite des capacités de la biosphère à supporter les activités humaines. Limite de nos ressources, de nos eaux, et de la capacité des écosystèmes à nous offrir de la valeur. Et que la croissance que nous retirons de l’usage de notre environnement permette de garantir la qualité de vie, bien sûr, mais aussi de réparer les dégâts que nous faisons à notre planète.

Une approche du développement économique qui met en son Cœur les transitions, la limitation de la consommation des ressources, le savoir et les compétences, et surtout, et c’est la mère des batailles : le carbone.
A ce titre, nous ne pouvons plus avancer à l’aveugle. Des entreprises sont porteuses de solutions. D’autres doivent revoir leur process. D’autre, enfin, doivent profondément se réinventer, au risque de tomber.
C’est pourquoi nous souhaitons procéder à une cartographie complète des menaces et des opportunités. Pour soutenir ceux qui vont compter, accélérer les transitions, et transformer les secteurs les plus fragiles.

La Région Bretagne a développé le PASS Création pour les créateurs et repreneurs d’entreprises. Que pouvez-vous nous dire sur ce dispositif ?

Laurence FORTIN > Personne ne nait entrepreneur ou entrepreneuse. Il peut y avoir du talent, de l’énergie bien sûr. Mais ce n’est pas suffisant. Cela demande des compétences, des savoir-faire et parfois des savoir-être, qui s’acquièrent. Je crois profondément qu’en Bretagne, quand on développe son entreprise, on n’est jamais vraiment seul. Il y a des réseaux d’accompagnement, du soutien de ses pairs, et des structures d’accompagnement, et une boite à outils complète, au sein de laquelle le Pass Création tient une bonne place. La Région est aux cotés des entrepreneurs et ils peuvent compter sur nous.

Je veux souligner également le rôle des femmes. Rien ne justifie qu’elles rencontrent des freins et des obstacles que les hommes n’ont pas sur leur chemin. C’est une inégalité criante. C’est aussi un manque à gagner pour elles et notre économie. Et c’est inacceptable. Je fixe un objectif ambitieux mais qui me semble un minimum : 50% de femmes parmi les chefs d’entreprises !